Lien découvert entre la dépression et un risque accru d’AVC chez certaines personnes vivant avec le VIH

Pour nombre de raisons d’ordre social et psychologique, la dépression est relativement courante chez les personnes vivant avec le VIH. Certaines études ont également permis de constater un risque plus élevé d’AVC chez cette population que chez les personnes séronégatives.

Dans le cadre d’une étude particulière, des cliniques ont regroupé leurs données se rapportant à près de 14 000 personnes séropositives afin de recenser les cas d’AVC survenus sur une période de huit ans. Des neurologues ont examiné les dossiers médicaux pour vérifier que des AVC s’étaient en effet produits. Des dépistages de la dépression ont été effectués à intervalles réguliers à l’aide de questionnaires normalisés.

Au début de l’étude, le profil moyen des participant·e·s était le suivant :

  • âge : 45 ans
  • 81 % d’hommes, 19 % de femmes
  • la majorité (58 %) se composait de personnes de couleur, comparativement à 42 % de personnes blanches
  • maladie concomitante : 13 % suivaient un traitement contre l’hypercholestérolémie et 26 %, un traitement contre l’hypertension
  • usage de substances : 64 % buvaient de l’alcool; 38 % fumaient du tabac; 8 % utilisaient de la méthamphétamine; 7 % utilisaient de la cocaïne
  • 23 % avaient des symptômes de dépression

Résultats

Au cours de la période à l’étude, 173 participant·e·s ont fait un AVC.

Dans l’ensemble, une analyse statistique a révélé que les personnes atteintes de dépression étaient 16 % plus susceptibles de subir un AVC. Ce lien entre la dépression et l’AVC ne concernait que des personnes âgées de moins de 50 ans. On a remarqué une tendance selon laquelle les jeunes personnes souffrant de dépression grave couraient un risque accru d’AVC. Aucune différence à cet égard n’a été constatée selon le sexe des gens.

À retenir

Le lien entre la dépression et l’AVC est sans doute complexe. Il est possible que l’inflammation soit plus présente chez les jeunes personnes et que cela augmente leur risque d’AVC. L’équipe de recherche souligne que d’autres facteurs doivent être analysés, comme ceux se rapportant au profil sociodémographique, au VIH et à l’usage de substances. Il est également possible que les personnes déprimées n’aient pas l’énergie nécessaire pour prendre des médicaments régulièrement ou qu’elles aient de la difficulté à se rappeler de les prendre. Il reste beaucoup de travail à faire pour clarifier ces questions et offrir des recommandations aux clinicien·ne·s qui soignent de jeunes personnes atteintes de dépression et du VIH.

Lors d’une étude menée à Paris entre 2017 et 2021, une équipe a constaté que les personnes séropositives couraient un risque accru d’AVC. Dans cette étude française, les personnes de moins de 55 ans étaient plus susceptibles d’avoir une charge virale détectable, ce qui a probablement contribué à l’inflammation et au risque d’AVC.

—Sean R. Hosein

RÉFÉRENCES :

  1. Ma J, Nance RM, Tirschwell D et al. Associations Between Depressive Symptom Severity and Incident Stroke among people with HIV. Conférence sur les rétrovirus et les infections opportunistes, 3 au 6 mars 2024. Résumé 110.
  2. Stammler R, Guillaume J, Mazighi M et al. First-ever acute ischemic strokes in HIV-infected persons: A case-control study from stroke units. Annals of Clinical and Translational Neurology. 2024; sous presse.