Introduction et mise en contexte
L’autotest est une nouvelle méthode de dépistage du VIH qui peut faire partie intégrante d’une stratégie globale de dépistage, en complément d’autres méthodes telles que les tests au point de service et les tests en laboratoire. Cette approche est conçue pour donner aux personnes concernées l’autonomie nécessaire pour faire le test à leur convenance, facilitant l’accès pour celles qui ne l’ont jamais fait et favorisant un dépistage régulier. En diversifiant les options de dépistage, l’autotest du VIH peut répondre aux besoins et aux préférences uniques des communautés les plus touchées par le VIH.
Dans ce guide, nous présentons des recommandations fondées sur la pratique pour la mise en œuvre de l’autotest du VIH, afin d’en maximiser les bienfaits et de surmonter les obstacles potentiels. Ces recommandations reposent sur des renseignements provenant d’organismes communautaires qui ont joué un rôle de premier plan dans la distribution de trousses d’autotest du VIH au Canada. L’objectif de ce guide est de fournir aux prestataires de soins de santé et aux organismes communautaires des conseils pour améliorer l’efficacité et la portée de la distribution des trousses d’autotest du VIH, contribuant ainsi à l’objectif plus large de mettre fin à l’épidémie de VIH.
Qu’est-ce que l’autotest du VIH?
L’autotest du VIH est une option de dépistage dont l’utilisation a été autorisée au Canada en novembre 2020. Pour utiliser l’autotest, une personne prélève son propre échantillon de sang, effectue le test et interprète elle-même le résultat. L’autotest disponible au Canada utilise un échantillon de sang prélevé par piqûre au doigt. Il s’agit d’un test de dépistage initial, ce qui signifie que tout résultat réactif (positif) doit être confirmé par un second test de dépistage du VIH, cette fois-ci en laboratoire.
« Les autotests du VIH sont un outil de dépistage, un point de départ pour un parcours de santé sexuelle plus holistique et plus complet. » - Participant·e au Dialogue national
Autotest du VIH et distribution aux personnes n’ayant pas reçu de diagnostic
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On estime que 11 % des personnes vivant avec le VIH au Canada ignorent qu’elles sont séropositives. Cette situation est particulièrement préoccupante pour les populations touchées de manière disproportionnée par le VIH, notamment les hommes gais, bisexuels et autres hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (gbHARSAH), les personnes qui utilisent des drogues, ainsi que les Autochtones et les communautés africaines, caraïbéennes et noires, y compris un nombre disproportionné de femmes issues de ces communautés. Ces groupes sont confrontés à un fardeau disproportionné dû à des facteurs sociaux et structurels plus englobants, tels que le racisme, l’homophobie et le colonialisme passé et présent, qui peuvent créer des obstacles à l’accès aux services de santé, y compris au dépistage du VIH. Une approche multidimensionnelle est nécessaire pour s’attaquer à ces facteurs et améliorer l’accès au dépistage du VIH au sein de ces communautés.
« La décolonisation passe par une plus grande autodétermination. » - Participant·e au Dialogue national
L’autotest du VIH est une option peu restrictive ayant le potentiel d’accroître l’accès au dépistage en fournissant une option privée, pratique et accessible; sa flexibilité peut jouer un rôle important dans l’amplification de la portée des efforts de dépistage du VIH. L’autotest du VIH peut être particulièrement efficace pour interpeller les communautés mal desservies ou moins susceptibles de recourir aux options de dépistage habituelles, comme les personnes victimes de stigmatisation au sein du système de santé, les personnes ayant des inquiétudes concernant la confidentialité, les habitant·e·s des zones rurales et éloignées et les personnes ayant un mode de vie très actif. L’autotest du VIH représente une occasion importante d’atteindre les personnes qui n’ont jamais fait le test. L’autotest du VIH peut également constituer une ressource importante pour les personnes qui ont déjà fait le test, qui connaissent bien le processus de dépistage et qui cherchent un accès plus pratique.
« Ce travail s’attaque à la stigmatisation, puisque beaucoup de gens se font tester pour la première fois. » - Participant·e au Dialogue national
Non seulement l’autotest du VIH permet d’augmenter les taux de dépistage, mais il sert de passerelle vers un plus large éventail de services sociaux et de santé. En effet, l’autotest du VIH fournit l’occasion de mettre les gens en contact avec une variété de services, allant de l’éducation à la santé sexuelle, et des ressources de prévention aux services de santé mentale et à des sources de soutien communautaire. Cette approche holistique permet à tout un chacun de recevoir des soins complets.
Les organismes communautaires sont bien placés pour atteindre les groupes les plus touchés par le VIH et distribuer des trousses d’autotest au sein de ces communautés. Les organismes communautaires ont joué un rôle essentiel dans l’élaboration de méthodes de sensibilisation à l’autotest du VIH, dans la distribution de trousses d’autotest et de ressources connexes et dans le soutien à l’arrimage aux services de soins et de prévention du VIH et aux services de soutien connexes.
« Donne aux gens le pouvoir sur leur propre corps. » - Participant·e au Dialogue national